• SAMEDI 16 JANVIER

    PORT-AU-PRINCE (Reuters) - Alors que l'aide internationale commence à parvenir en Haïti mais qu'elle peine à s'organiser face à l'étendue des dégâts, le bilan des victimes du séisme ne cesse de s'alourdir, le ministre haïtien de l'Intérieur parlant de 100.000 à 200.000 morts au total.

    Un décompte précis des victimes est pour l'instant impossible, mais tous les chiffres fournis pointent vers une catastrophe gigantesque, et d'ores et déjà, 50.000 cadavres ont été comptabilisés et ramassés, selon le ministre de l'Intérieur Paul Antoine Bien-Aimé.

    "Nous nous attendons à ce qu'il y ait au total entre 100.000 et 200.000 morts, même si nous ne connaîtrons jamais le nombre exact", a dit Paul Antoine Bien-Aimé.

    Les autorités haïtiennes ont annoncé avoir déjà enterré 40.000 cadavres et pensent que 100.000 autres personnes ont perdu la vie dans le tremblement terre de magnitude 7 qui a frappé mardi à proximité de la capitale, Port-au-Prince.

    "Nous débarrassons les rues des cadavres et nous les mettons dans des fosses communes. Nous avons enterré 40.000 personnes. Nous pensons qu'il y en a 100.000 de plus", a déclaré à Reuters Aramick Louis, secrétaire d'Etat à la Sécurité publique. "Il y a encore beaucoup de gens sous les décombres."

    Les trois quarts de la capitale Port-au-Prince devront être reconstruits, a dit à Reuters le ministre de la Santé, Alex Larsen.

    Le président René Préval a pour sa part comparé la situation de son pays à celle d'une guerre.

    "Les dégâts que j'ai pu constater ici sont comparables aux dégâts que l'on aurait pu voir dans un pays qui aurait été bombardé pendant 15 ans. C'est comme dans une guerre", a déclaré Préval, qui s'est installé dans un commissariat de police qui lui sert de résidence et de bureau.

    "Je n'ai pas de maison, je n'ai pas de téléphone. C'est mon palais, maintenant", a-t-il ajouté en souriant amèrement et en montrant le bâtiment où il a trouvé refuge.

    Trois jours après le séisme, des bandes de pillards ont commencé à s'organiser et à s'en prendre à des survivants qui occupent des abris de fortune sur les trottoirs et dans les rues de la capitale.

    DU DÉSESPOIR À LA VIOLENCE

    Le désespoir se transforme en violence et cette évolution commence à sérieusement inquiéter les autorités.

    "Des incidents se sont produits. Des gens pillaient et se battaient pour de la nourriture. Ils sont désespérés, ils n'ont pas mangé depuis trois jours et sont sans assistance", a commenté le sous-secrétaire général de l'Onu Alain Le Roy.

    Pour le moment, l'ordre est globalement respecté, a estimé Le Roy, mais la faim risque de provoquer des émeutes si l'aide n'arrive pas très vite. "Nous devons nous assurer que la situation ne dégénère pas. Et pour cela nous devons nous assurer que l'aide parvienne aussi vite que possible aux gens qui ont besoin de nourriture et de médicaments", a-t-il ajouté.

    "Nous dépêchons nos forces de police dans les quartiers où opèrent les bandits. Certaines personnes se font agresser et se font voler. Dans les endroits pour les réfugiés, les gens ne trouvent ni nourriture, ni assistance, ils sont en colère. Nous appelons tout le monde au calme", a déclaré Aramick Louis.

    La population a besoin de denrées alimentaires mais ce sont l'eau potable et les antibiotiques qui font le plus cruellement défaut dans l'immédiat, ont estimé des experts médicaux.

    Totalement débordées par la situation, les autorités haïtiennes comptent sur l'assistance internationale et le gouvernement a accepté de céder temporairement le contrôle du principal aéroport du pays aux Etats-Unis afin de faciliter l'acheminement des secours.

    "Le Premier ministre (Jean-Max) Bellerive a signé un accord de principe accordant le contrôle de l'aéroport aux Etats-Unis", a déclaré lors d'un point de presse P.J. Crowley, porte-parole du département d'Etat.

    "Evidemment, nous assumerons cette responsabilité aussi longtemps qu'il le faudra et jusqu'à ce que le gouvernement haïtien soit prêt à s'en charger à nouveau".

    APPEL DE L'ONU

    Environ un millier de soldats américains se trouvaient sur place vendredi et entre 9.000 et 10.000 sont attendus d'ici lundi.

    Très mobilisés depuis le début de la catastrophe, les Américains jouent un rôle moteur dans la gestion de cette crise. La secrétaire d'Etat Hillary Clinton est attendue à Haïti ce samedi tandis que le secrétaire général de l'Onu, Ban Ki-moon, devrait arriver demain dimanche pour évaluer les besoins et l'étendue des dégâts.

    L'administration Obama, qui a promis une aide de 100 millions de dollars, a assoupli les conditions de résidence des Haïtien vivant illégalement sur le sol américain, les autorisant à rester pour une période de 18 mois.

    Le département de la Sécurité nationale a accordé vendredi un "statut protégé provisoire" à tous les Haïtiens entrés dans le pays avant le 12 janvier.

    De son côté, l'Onu a lancé un appel d'urgence à tous ses membres pour lever 562 millions de dollars, dont près de la moitié serait utilisée pour l'achat de denrées alimentaires, a précisé John Holmes, chef des opérations humanitaires aux Nations unies.

    D'autres appels ont également été lancés pour que la communauté internationale accepte d'annuler la dette d'Haïti, l'un des pays les plus pauvres du monde, et de l'aider ainsi dans ses efforts de reconstruction


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